Meine frühe Kindheit
Ma petite enfance
Fallait-il demander l'aide d'un psy ?
Ma maman, née Jacqueline, Marguerite Touchet a eu trois hommes dans sa vie. Le premier fut Maurice Jaeger qu'elle a épousé à 17 ans.
Après le décès en bas âge d'Hélène leur fille (le 15 Mars 40), ils se séparent. Mais la guerre de 39-45 a commencé et les divorces ne sont pas aisés.
Quand à moi je suis né en Mai 1943 de l'amour entre Jacqueline Marguerite « encore » Jaeger, née Touchet avec Willi Gartz pilote de la Luftwafe.
J'aurais du m'appeler Gartz mais sans divorce je suis un enfant illégitime enregistré Jaeger. Et même Jaëger sur mon acte de naissance.
Le divorce entre Maurice Jaeger et Jacqueline Touchet intervient enfin le 19 Avril 1944. C'est maintenant le mariage officiel entre Jacqueline redevenu Touchet et Willi Gartz qui est difficile en pleine débâcle allemande.
Mon père Willi Gartz est arrêté par la Gestapo fin 1944. Il refusait de servir dans une unité de la SS. Il est envoyé en tant que prisonnier politique dans un camp de déminage. Le 6 Février 1945 il saute sur une mine qu'il tentait de désamorcer.
Maman est promise à un Lebensborn, centre de reproduction de la race allemande, littéralement «fontaine de vie», reconnue comme bonne aryenne. Elle échappe à cette condition grâce à l'intervention de Hanns Homrighausen le mari de Tante Rési, une sœur de mon père. Par la même occasion j'échappe au SS Kinderheim. (foyer pour enfants destinés à devenir de futurs SS).
Mon père, Maman et moi
Voici la traduction du faire part de décès de Willibrod Gartz:
« Dans la fleur de l'âge à presque 28 ans, le 6 Février 1945 Willibrod Gartz
mon mari, le père aimant de mon fils, combattant dans une unité de l'armée de l'air est mort héroïquement.
Margarete Gartz née Touchet
Robert Arnold Gartz leur fils
Fritz Gartz son frère et son épouse Frau Hilde Rhein
Arnold Gartz son frère et son épouse Frau Mieze Bongers
Hanns Homrighausen et son épouse Rési Gartz
Dr Karlheinz Paffen et son épouse Marianne Gartz
Willi Gartz n'a pas eu le temps de me donner son nom mais nous vivrons maman et moi toujours dans la famille Gartz où j'ai balbutié mes premiers mots. En allemand bien sur.
En 46 dans l'Allemagne occupée par les alliés, maman est engagée en qualité d'interprète à la gendarmerie française de Wiesbaden. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'allemand et a de très bonnes notions d'italien.
Elle y fait la connaissance d'un officier français des renseignements généraux le lieutenant Roger Vencell.
En Avril 1947 le lieutenant Roger Vencell épouse Jacqueline Touchet. Il me prend à sa charge mais sans me donner son nom.
En été 1947 j'ai un peu plus de 4 ans quand des gendarmes français rentrant en permission en France ont la charge de venir me chercher chez tante Marianne pour m'emmener en jeep à Paris chez ma grand-mère maternelle au 39 de la rue Rochechouart dans le 9 ème arrondissement.
Il faut imaginer le déchirement que fût, sans aucun doute, l'arrachement à ma famille paternelle qui me fait quitter ma mère, mes tantes, oncles, cousines et cousins pour aller chez des grand-parents inconnus pour moi et qui ne parlaient même pas ma langue.
Ces braves gendarmes sonnent au 3ème étage 3ème porte à droite. Une dame qui devait se ronger les sangs d'impatience veut me serrer dans ses bras et moi je lui dis (dans ma langue) « Raus ! lass mich ».
Une petite fille Josyane de deux ans mon aînée appelée en renfort pour atténuer mon déracinement me propose un jouet que je rejette avec un autre « Raus » peu amène.
J'avais oublié cet épisode mais 73 ans plus tard la petite fille devenue ma plus ancienne amie d'enfance puis d'adolescence me rappelle notre première entrevue.
En Mars 1948 Danielle naît de l'union de Jacqueline Vencell et de Roger son époux. Été 1948 maman part avec « Pimprenelle » rejoindre Roger Vencell qui vient d'être affecté en Indochine. Moi je reste à Paris chez ma grand-mère. Raison avouée: J'avais été assez chahuté comme ça depuis ma naissance pour ne pas partir en Indochine.
C'est donc à Paris que j'ai été inscrit à l'école pour la première fois. J'étais bien sûr trop petit pour avoir été à l'école en Allemagne, d'autant que dans la vallée de la Ruhr elles avaient été toutes rasées par les incessants bombardements américains. Et cette liste va être longue.
Années scolaires
1947-1948 et 1948-1949 Maternelle et 1949-1950 CP rue Trudaine Paris IX
1950-1951 CE1 1er trimestre école primaire Turgot Paris IX
2ème et 3ème trimestre école primaire Jules Ferry Vannes
1951-1952 CE2 1er trimestre. école primaire Jules Ferry Bergerac.
2ème trimestre. École communale banlieue de Bergerac.
3ème trimestre. École communale de Salsigne.
1952-1953 et 1953-1954 CM1 et CM2 petit lycée Carcassonne
Vous avez bien compté 7 écoles différentes pour 6 années scolaires.
A Paris en 1947, le petit «Boche» que j'étais, aux yeux de mes camarades d'école et même aux yeux de certaines grandes personnes, a vite compris qu'il ne devait pas rester silencieux ni inactif quand on prononçait devant lui ce surnom fatalement malveillant. Quelques réactions musclées avec les enfants de mon âge, commencèrent à asseoir une réputation de bagarreur.
Au Printemps 1951, le petit Français que j'étais devenu est une nouvelle fois arraché à la famille qu'il a appris à aimer au travers d' Alice et René Lanier mes grands parents maternels.
Je quitte Paris avec le retour de la famille Roger et Jacqueline Vencell et de Danielle et Micheline.
J'avais écrit toutes les semaines pendant 3 ans ( plus de 1000 jours) à « maman ». Mais trois ans c'est long pour ne pas oublier. Oublier les visages, les odeurs, les voix.
Je suis donc séparé de Mémère et de Pépère qui ont remplacé ma mère et ce père dont je ne peux avoir aucun souvenir. Dès leur retour ma récupération commence, car je suis vite considéré, par celui que je dois appeler « Papa », comme un gamin gâté, en danger de trop de douceur.............! Nous partons pour Vannes où le lieutenant Vencell est affecté.
L'intégration à ma nouvelle famille n'est pas le meilleur de mes souvenirs. Elle fut douloureuse. Je crois que maman ne l'a jamais compris. Encore moins "ce Père" dont je ne porte pas le nom. J'ai des habitudes autres que les leurs, des gourmandises qui ne sont pas de règle, ni possible d'assouvir car la famille s'est agrandie. Et surtout le mode de conduite du père Vencell est beaucoup plus rigoureux.
La suite ce sera la fuite en avant avec le but inavoué de m'éloigner le plus possible de la maison.
Mais ça c'est l'adolescence et c'est une autre histoire.
Voici la traduction d'une lettre envoyée bien après la guerre
Chère famille Gartz,
Aujourd'hui j'ai l'horrible devoir de vous informer que votre fils l'ober-feldwebel Willi Gartz qui était depuis Décembre 44 dans le commando de déminage à Oberhausen-Guterfeld à sauté sur une mine le 15 Janvier 1945.
Le courage de votre fils était pour moi très impressionnant .Nous étions très proche. Je veux bien vous informer encore plus si vous le souhaitez.
Votre Heinz Wewertz
Il serait enterré dans un cimetière militaire à Dusseldorf.
Écrit à Castelnau de Guers en Janvier 2020
Robert Arnold JAEGER-GARTZ