Le conteur Jaeger Il conte et raconte sans compter une vie par lui bien remplie
34120 CASTELNAU DE GUERS FRANCE

Le brevet para, Caporal, Sergent

24 Mars 2021   2eme tiers

  • L'exercice de saut à la tour de départ est à recommencer trois fois. Dernier défi, lancé à ta propre trouille. La sensation de chute est terrible avec l'estomac qui remonte.  Une fois cette redoutable épreuve terminée, ton passage dans la caste "supérieure" est quasiment effectué. Le saut d'avion par lui même n'est plus qu'une formalité. Surtout pour ceux d'entre nous qui avions déjà  sauté. « Sauté pour de vrai. »

    Dès le premier saut du Nord Atlas, nous sommes exemptés de la position réglementaire et nous sautons en exercice opération "Bitte à cul". Belle métaphore pour expliquer que seul le premier du stick est en position. Les autres n'attendent qu'une chose, le GO libérateur pour sauter le plus vite possible afin d'arriver le plus groupé au sol.  Là, plus question de trac ni de refus.  Les sauts suivants se corsent par l'obligation d'ouvrir le ventral et de l'empêcher de s'emmêler avec le dorsal. Puis quelques sauts avec des canons de mitrailleuse lourde que l'on doit larguer avant notre propre atterrissage.  Enfin l’obligation de faire quelques sauts de nuit. Lors d'un de mes derniers sauts mon dorsal a eu la fâcheuse tendance à se fermer et se rouvrir en "flocs" successifs qui me faisaient prendre de la vitesse. Sans paniquer, mais prêt à ouvrir mon dorsal, j'arrive à bien écarter mes suspentes jusqu'à faire retrouver à mon "pépin" ses formes et dimensions réglementaires. J’atterris ce jour là au sol le tout premier du stick.......

    De retour à Castelnaudary avec notre brevet nous nous voyons remettre la fourragère du régiment. Signe que nous sommes des militaires capables d'aller se faire tuer........diront certains, ou capable seulement de défendre l'honneur de leur pays diront d’autres.

    Je suis très partagé entre les deux idées qui ne m’apparaissent pas si opposées que cela. « Mourir pour des idées, d'accord mais de mort lente » a dit Brassens.

    J'avais vingt ans et à ce moment là j'étais plus deuxième version, quoique.

    Ce que je veux surtout c’est ne pas avoir de problème avec mes supérieurs hiérarchiques, me souvenant trop de ma période « enfant de troupe ».

    Je suis volontaire pour effectuer un peloton de futur caporal. Durée, deux mois.

    Luck, à sa grande déception, est envoyé en stage de secrétariat à Toulouse.

    Après ce peloton d'élève gradé le caporal Jaeger est affecté à l'instruction des nouvelles recrues (4 mois) et prend place dans la chambrée près de la fenêtre...... Assez vite je suis nommé caporal-chef.

    Nous rejoignons le régiment à Castres. Puis je m’inscris à un peloton d'élève sous-officier pour obtenir le grade de sergent. Direction Pau une nouvelle fois. Ici le « crapahut » et l'instruction prennent une autre dimension. On apprend à commander, à prendre des responsabilités. Ce mot responsabilité peut sembler anachronique dans le contexte militaire. Et pourtant pour commander, même une patrouille de dix hommes, il faut pouvoir de temps en temps prendre des responsabilités.

    Nous apprenons à nous débrouiller dans la nature, de jour comme de nuit, sans carte et sans boussole. Nous partons pour un exercice de défense de nos frontières, dans un col des Pyrénées. Il faut se mettre en position défensive, en creusant son trou et en le camouflant. Une tranchée individuelle en quelque sorte. La pluie se met à tomber mais nous sommes bien obligés d'attendre que l'ennemi se dévoile. Pas de cigarette possible pour se réchauffer, pas de repas chaud. Nous attendrons toute la nuit et l'attaque ne se produit qu'en milieu de matinée. Il faut alors « gicler » de nos trous et faire mouvement. La douleur des membres totalement engourdis par une nuit d'humidité, de froid et d'immobilisme est terrible dans les premiers pas. Après une bataille gagnée ou perdue, peu importe, devant les envahisseurs, nous rejoignons les camions qui doivent nous ramener au camp. Mais notre lieutenant commandant de section surnommé « le Bœuf » un « Cyrard » assez borné....ça existe, même dans les paras, est de mauvaise humeur. Il renvoie les camions et décide que nous ferons les 25 km de retour, à pieds. Il prend la tête du groupe et annonce que celui qui ne rentrera pas dans le même temps que lui, repartira pour une quinzaine de km, avec lui...

    Nous ne sommes que 3 à arriver dans les temps. Boubekeur qui prenait 50 m de retard tous les 200 mètres mais qui revenait en petites foulées, Lefranc un métis Franco Vietnamien et moi. Les autres sont effectivement repartis pour un nouveau tour...... de 15 km …....  avec Leboeuf.

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