Le conteur Jaeger Il conte et raconte sans compter une vie par lui bien remplie
34120 CASTELNAU DE GUERS FRANCE

La découverte de Montgrand

29 Mars 2020   1er tiers

  • L’aîné de
    Danielle, Micheline, Martine

    Été 1955
    Ma grand-mère et mon grand-père habitent maintenant Salsigne.
    Je découvre à Montgrand, que je dois apprendre à vivre seul. Seul de ma tranche d'âge s'entend. Comme je suis timide, terriblement timide, les 5 km qui me séparent du village de Palaja me semblent infranchissables.

    Je découvre donc Montgrand seul ou avec l'une ou l'autre de mes sœurs mais principalement avec Michou. Nous y trouvons les premiers rosé des près, des "cabarlas". Plus tard ce sera les « rouzillious » ou lactaire délicieux.
    Nous découvrons derrière la maison des "gorges".....qui ne sont que des crevasses d'érosion dans la terre argileuse. Elles sont propices à l'aménagement d'une cabane. Nous transportons des troncs de pins en partie calcinés. Noircis comme des charbonniers nous partons nous laver dans les auges de la citerne. Une fois, faisant la course dans le dernier tronçon, Michou part en roulé boulé le long de la pente. Après une chute verticale de deux ou trois mètres, elle se retrouve en contrebas sur des rochers, sans aucun bobo. Nous ne l'avons raconté que trente ans plus tard..!

    En 1955 quand nous arrivons à Montgrand il y a un troupeau de mouton gardé par un berger andorran. L'année suivante il n'y a plus que 50 moutons et quelques chèvres. Maman doit s'en occuper et quand je suis en vacances scolaires je suis promu au rang de berger. Je n'en demandais pas tant. Je passe mes journées dans les garrigues de Montgrand accompagné de deux chiens bien dressés. J'emporte avec moi un livre et surtout mon harmonica.
    Il a remplacé à moindre coût le piano de ma grand-mère.

    Dès l'été suivant notre installation, il faut aider aux travaux des champs car le père Vencell a décidé de "faire l'agriculteur". Il nous demande de l'aider pour les moissons. Nous pouvons nous enorgueillir d'avoir moissonné comme au moyen-âge ou presque. Une faucheuse même pas lieuse attelée derrière un tracteur à essence et nous, Maman, Mémère un peu, Dani et Michou et sans doute aussi un peu «Tintin» ficelions des gerbes de blé. Les désherbants n'étaient pas connus et les chardons nous laissaient dans les doigts des souvenirs impérissables.
    J'ai souvent aidé à labourer les champs avec le "brabant double" derrière ce vieux « ferguson » puis à récolter les pommes de terre semées au printemps.
    Ici une précision qu'il me semble nécessaire d'apporter. Je dis plus haut "le Père Vencell nous demande". En effet Roger Vencell demande ou suggère mais ne donne jamais d'ordre direct. Par exemple il ne me dit jamais « Fais ceci » mais il dit à Maman « Il pourrait faire ceci ou cela ». Sous prétexte que la conduite d'un tracteur était dangereuse je n'ai jamais appris à tenir un volant..!!
    Plus tard je me suis également essayé à la conduite des labours mais avec des chevaux cette fois-ci à « La Vène », chez le Père Hébraud. Et là j’étais heureux car je tenais les rênes et le mancheron. M. Hébraud lui, me faisait confiance.

    Les années se suivent et sont ponctuées par les naissances d'Annie en Janvier 1956, puis de Françoise en Mars 1957.

    Écrit un dimanche de fin Mars 2020 à Castelnau de Guers

    Un jour de confinement au 2400 ème mort du coronavirus en France.

    Robert Arnold JAEGER-GARTZ

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Biographie