Pour aller à Montgrand il faut sortir de la ville basse de Carcassonne dessinée par Vauban, traverser l'Aude sur le pont vieux. Emprunter la rue « du Lavoir » jusqu'à l'église « St Gimer » et passer à l'ouest de la « porte d'Aude ». On passe ainsi en revue et sans y prêter attention, plus de mille ans d'histoire et de contes avec : Charlemagne, Dame Carcas, Roger Trencavel et Simon de Montfort.
Puis la route s'élève peu à peu vers Palaja qui comptait en 1955 deux cent quatre vingt dix habitants blottis autour de leur église fortifiée. Le domaine de Cassagnac que l'on traverse après le village possède les dernières vignes qui sont à Montgrand remplacées par de la garrigue à moutons. Hormis Cassagnac et Montgrand aucune habitation pendant 2 km.Altitude 511 m. Le corps de ferme est dominé par un «puòg» ou «puèg» que l'on peut apercevoir d'une bonne trentaine de km d’où le nom de Montgrand. C'est une construction dont la façade principale est orientée nord. Pour les bâtisseurs l'essentiel n'était pas de se réchauffer aux rayons du soleil mais bien de se protéger du vent dominant le terrible Cers, tout aussi puissant que le Mistral.
La maison d'habitation principale est très simple. La porte d'entrée donne sur un couloir qui distribue à droite sur une cuisine salle à manger et à gauche sur deux chambres. Il faut traverser la première chambre pour accéder à la seconde. L'eau n'y est pas courante puisqu'il faut aller la chercher au puits en face l'entrée de la bergerie pour ce qui est de l'eau ordinaire.
La citerne distante de 500 m nous offre l'eau potable.
Les WC sont rustiques, dehors, mitoyens avec les lapins. Ils me rappellent ceux de mon enfance en Normandie. Mais il manque le cœur percé dans la porte.
Pas de salle de bain. Le lavage corporel se fait dès que le temps le permet dans les auges de la citerne soit dans de grandes bassines à la cuisine. A la manière western.Dans le fond de la maison d'habitation principale, un couloir amène sur la gauche à la bergerie et à droite vers l'étable où étaient les bœufs de trait. De là on accède à la petite maison qui devait être la maison du « ramonet ». Celle là même où était né Roger Vencell en 1914
Au dessus de la maison principale et de la bergerie mais aussi de l'étable, un grenier. L'on accède à ce grenier par un escalier droit, en bois, à partir du couloir mais aussi par un portail du coté arrière de la maison où se trouve l'aire de battage.
Dans ce grenier une petite pièce a été aménagée avec deux cloisons. Ça sera ma chambre car en bas c'est un peu la bousculade. La première chambre sera réservée pour les parents, tandis que l'autre sera partagée par Dani, Michou et Martine.De cette dernière pièce je débarrasse le grand-duc que nous avons trouvé là, empaillé, toutes ailes déployées avec une envergure de plus d’un mètre cinquante et qui deviendra mon compagnon, là-haut au grenier, jusqu'à ce qu'il tombe littéralement en poussière.
Dans ma chambre, personne n'y vient jamais. Il y a une araignée qui apparaît dés que j'allume la lumière, un nid d'hirondelles que je conserve soigneusement. Plus tard j'occuperai la chambre sud du ramonétage.
La vie à la ferme n'est pas des plus réjouissante pour les enfants que nous sommes, habitués que nous étions à partager nos jeux avec des camarades du même âge. Et puis de temps en temps l'on nous demande d'aider à une tâche quelconque.La quête de l'eau potable dans des cruches à la citerne ou porter le linge au ruisseau qui coule en dessous de la cascade «païchère » sous le verger du poirier. C'est chaque fois une expédition qui, tous les jours répétée, n'est pas toujours appréhendée avec enthousiasme.