Le conteur Jaeger Il conte et raconte sans compter une vie par lui bien remplie
34120 CASTELNAU DE GUERS FRANCE

Les aînés

21 Avr. 2020   1er tiers

  • J'ai été, dans cette enfance un peu chahutée, très souvent en contact chaleureux avec les aînés. Les vieux.
    C'est drôle. Au fur et à mesure que moi-même je vieillis je trouve ce qualificatif «vieux» de plus en plus beau.
    Les appellations septuagénaires, octogénaires me rendent serein. Quand j'ai eu quarante ans j'ai compris qu'il fallait trouver de la beauté à ces «génaires» là.

    J'ai souvent moqué ce fait divers relaté dans les journaux:
    «Un homme jeune de 39 ans s'est fait écraser par une voiture. Il avait la vie devant lui......»
    Le lendemain de son anniversaire le même article aurait relaté le même fait divers de la façon suivante :
    «Un quadragénaire s'est fait écraser par une voiture. L'homme avait déjà derrière lui une belle carrière.....»

    J'écris ces mots alors que je suis «génaire» depuis: 37 ans.
    A remarquer qu'à l'âge de 60 ans vous retrouvez une sorte de nouvelle jeunesse. Vous êtes pour 10 ans «sexagénaire». Excusez cette plaisanterie libidineuse. Après c'est selon.

    J'ai été à l'âge de 5 ans élevé par des «vieux». Merci à eux de m'avoir tant donné. Eux aussi étaient « génaires » depuis un certain temps.
    D'une certaine façon « chers vieux » vous avez largement participé à ma construction. Merci à vous.

    Mon grand-père. Le père Lanier était le deuxième mari d'Alice ma grand-mère. (Ce n'était donc pas mon grand-père biologique mais mon grand-père spirituel). Pour indiquer sa relative désapprobation devant un jeu de mots douteux il aurait dit «C'est spiritruelle de clerc de notaire».

    Quand je suis arrivé à Paris venant de Germanie, René Lanier était ce qu'on appelait un «rentier». Non pas qu'il ne fasse rien. Non mais il avait hérité de rentes qu'il faisait fructifier. Mais tout le monde le connaissait en tant qu'aquarelliste. Il passait le plus clair de son temps à peindre. Souvent, le dimanche et le jeudi, j'allais avec lui, place du Tertre à Montmartre et dans d'autres endroits de Paris.
    Outre la peinture, Pépère s'occupait de la gérance d'un cinéma situé tout en haut de la rue de Rochechouart et du boulevard du même nom. Il avait été dessinateur dans deux journaux satiriques dont « Pêle-Mêle », mais également gérant du casino de Bagnols de l'Orne et plus tard de Menton. Il avait crée des décors de théâtre.
    C'était et c'est toujours dans les années 1980 le cinéma le "Delta". J'y ai découvert Zorro, Bambi et peut être d'autres inoubliables et pourtant oubliés.

    Rober Simon dont j'ai hérité de pas mal de peinture. Oncle Bob l'artiste peintre n'a en fait avec moi aucun lien de parenté. Mais il est l'ami de toujours, de mon grand-père. Il venait souvent à la maison. Ce sont alors des discussions artistiques et littéraires dont je ne comprenais pas tout, loin de là, mais elles semblaient exquises. Il habitait une petite maison assez sombre. Dans le jardin intérieur, jardinet devrais-je dire, trône une balancelle en fer forgé un peu rouillée mais très romantique. Là encore une odeur. Celle du buis ou du pipi de chat.
    En faisant un peu d’œnologie j'apprendrai plus tard que ces deux odeurs sont les mêmes et qu'elles caractérisent entre autres le cépage "sauvignon" !

1 / 2

Téléchargez la version pdf

Biographie